La danse des sexes
J’ai commencé mes études de psychologie dans les années 1970, à l’université de Louvain en Belgique, en néerlandais, ma langue maternelle. À cette époque, je croyais que la guerre entre les sexes était loin derrière moi. Il y avait une belle parité hommes-femmes à la faculté : nous étions dans les mêmes associations, nous animions les réunions et rédigions le journal ensemble, en parfaite communion. Nous étions vraiment égaux, uniques et singuliers, à en oublier qui était homme et qui était femme. Cependant, nous étions étudiants, dans un milieu protégé, nous n’étions pas mariés et n’avions pas d’enfants. En entrant dans la vie active, j’ai rapidement remarqué qu’en dessous de ce vernis, tout n’était pas si paisible et si clair. Petit à petit, j’ai mesuré le chemin encore à faire pour revenir
à une paix entre les sexes.
Dans les années 1990, j’ai commencé à collaborer avec Guy Corneau, un être cher qui est devenu un ami. Avec ses travaux centrés sur l’absence du père dans le patriarcat, il a continué à m’ouvrir les yeux sur l’importance des différences entre hommes et femmes. J’avais été très touchée par le titre de son deuxième livre, qu’il écrivait à l’époque : La guerre entre les sexes. Ce titre avait été refusé par son éditeur, mais je l’ai adopté comme intitulé pour ma première conférence. Ensuite, l’envie de contribuer à la paix entre les sexes est restée l’une de mes préoccupations prioritaires et un fil rouge dans mon parcours.
J’ai donné des conférences sur l’amour dans le couple, le Masculin et le Féminin, et j’ai conduit des séminaires sur le couple. J’ai animé aussi des agoras où hommes et femmes se parlaient autour de différents thèmes concernant leurs différences.
J’ai particulièrement aimé une activité éditoriale que j’ai exercée pendant un an et demi. J’écrivais une rubrique dans un journal, intitulée « Danse entre les sexes », où je posais chaque mois une question aux lecteurs, telle que : « Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans l’autre sexe ? ». Alors les lecteurs répondaient, puis j’effectuais une synthèse des réponses que je commentais, et je lançais une autre question, par exemple : « De quoi avec vous le plus peur dans l’autre sexe ? ». Il s’agissait de la rubrique la plus lue du journal ! Puis ce dialogue a continué à Lyon, au sein d’un atelier mensuel que j’ai mené durant un an, « Hommes, femmes,
est-ce qu’on se connaît ? », où hommes et femmes échangeaient et
se confrontaient directement. Il y a eu des moments très poignants, très profonds. Mon objectif était toujours le même : pacifier par la compréhension et par la parole, ce grand abîme -* non-dit entre hommes et femmes.